Depuis l’enfance, Blue entend dire qu’elle causera la mort de l’homme de sa vie... d’un simple baiser. Elle a donc résolu de ne jamais tomber amoureuse, ainsi le problème est réglé, la prophétie annulée. Pourtant, quand elle se voit entraînée dans le groupe des Corbeaux, elle se met à douter. Car, à la tête de cette bande de riches étudiants, se trouve Gansey. Or, récemment, l’esprit de Gansey est apparu à Blue. Depuis, elle ne cesse de se remémorer la prophétie : « Il n’y a que deux raisons pour lesquelles un esprit peut apparaître à un non-voyant à la veille de la Saint-Marc, Blue. Tu dois être soit l’amour de sa vie, soit la cause de sa mort. 

J’ai été immédiatement charmée par l’ambiance qui se dégage de ce roman. Il y a à la fois de la magie, pas celle de sorcière mais plutôt comme des lieux étranges chargés de quelque chose de mystique. La famille de Blue m’a rappelé un peu celle du film les Ensorceleuses, totalement déjantée, et toutes avec une « capacité » différente. Cette bande de femmes plus ou moins parentes est aussi éclectique que complémentaire. Blue évolue avec aisance dans ce milieu atypique. Malgré le fait qu’elle n’ait pas elle-même de « pouvoirs », elle amplifie ceux des autres. Sans oublier la malédiction qui pèse sur elle, celles que sa mère lui a révéler : si elle embrasse l’amour de sa vie, il mourra.

Il est vrai qu’on pourrait s’attendre à une romance contrariée avec une pareille révélation. Sauf qu’elle est en filagramme, c’est une partie infime du roman. Ça ne m’a pas dérangée pour autant, il y a tellement d’autres sujets abordés. D’abord Glendower, la quête de Gansey depuis des années et qui pourrait bien s’achever ici, à Henrietta. Les Corbeaux, leurs caractères si différents et leur amitié. Ils sont considérablement différents mais forment une famille, celle qu’ils ont choisie. J’avoue que j’ai un gros faible pour Adam, j’ai eu envie de le protéger, de lui faire un câlin. Et je comprends parfaitement ce besoin d’indépendance qu’il revendique sans pour autant accepter ce que lui propose Gansey. Ronan est taciturne et violent, constamment en conflit et rejette tout son « héritage ». Il est un peu l’opposé d’Adam, si l’un est doux et attentionné, l’autre est introverti et sarcastique. Ils s’entendent uniquement lorsqu’il s’agit d’agir vraiment. La scène entre eux chez les parents d’Adam m’a serré le cœur. Noah, c’est le jeune homme effacé, j’ai trouvé pendant toute la première partie du roman qu’il ne servait pas à grand-chose. Il était là sans être là, mais du moment où Blue intègre le groupe, il s’approche d’elle et prend confiance. On comprend d’ailleurs plus tard pourquoi. Gansey quant à lui est pour moi trop « droit » dans ses pompes. Je m’explique. Il est celui qui soude le groupe mais il est aussi celui qui sait quoi faire et commande aux autres, comme s’ils étaient trop stupides, ou perdus, en l’occurrence, pour prendre leur propre décision. La fin du roman en est le parfait exemple. Je l’ai trouvé trop « lisse » pour être vraiment attachant. Mais le fait qu’il soit celui qui va mourir, celui dont Blue à vu son âme sur la ligne de ley laisse l’ouverture vers une autre facette de sa personnalité.

Comme toujours dans les romans de Maggie Stiefvater ce n’est pas l’action qui prime mais l’auteur réussit à créer un univers et des personnages captivant. Une ambiance particulière et des images sublimes. La scène entre Adam & Blue dans le jardin et la découverte de Cabeswater sont superbes. Elle capte notre imaginaire avec ses mots si poétique. Une fois de plus c’est un coup de cœur pour moi et j’attends la suite avec impatience. Lecture commune avec Laura, sa chronique ici. A