Je veux ces jambes. Ainsi commence le récit d'une jeune Américaine lasse de son job de comptable et de la médiocrité de sa vie quotidienne. Repérée par Gloria Denton, célèbre pour sa plastique et le sang-froid avec lequel elle contrôle différentes entreprises criminelles - cercles de jeu et champs de courses - pour le compte de caïds du Milieu, elle devient son assistante. Gloria drive sa "pouliche" qui, prenant goût aux grands restaurants, aux fourrures et aux bijoux, passe bientôt pour sa digne héritière. Jusqu'au jour où la petite s'entiche d'un séduisant bon à rien, joueur flambeur et cynique qui la convainc de trahir sa bienfaitrice.

Voilà un livre qui traine dans ma PAL depuis un moment, plus exactement depuis un an que je l’ai emprunté au club de lecture. Faut bien avouer, j’ai été bête. J’ai adoré cette histoire noire.

« Je veux ses jambes. » Voilà comment débute le roman, il s’agit de Gloria. « Elle », la patronne, celle qui vient récolter l’argent des paris truqués, des casinos et des hippodromes. Elle est crainte et respectée. Alors quand notre narratrice, une jeune comptable sans perspective d’avenir se voit proposer de devenir sa « pouliche », elle prend très vite la décision qui va changer sa vie. Gloria lui apprend les ficelles du métier, comment se tenir, comment parler, qui croire, qui éviter. Même si Gloria ne le dit pas, elle est fière de sa pouliche, son bébé, sa fille. A l’inverse cette dernière se sent importante, respectée, mise en valeur. Leur duo fonctionne mais on sent rapidement qu’il va y avoir un grain de sable qui va faire dérailler la machine. Vic, le beau parleur, le perdant invétéré, on sait comment tout ça va finir avant même leur premier regard. L’héroïne (peut-on l’appeler ainsi ?) se perd dans les sirènes de ce moins que rien et on a envie de lui crier dessus pour ça. Arrive ce qui doit arriver, et là le roman devient vraiment noir… L’auteure nous entraine dans les méandres de chacun des personnages, Gloria ,si imperméable d’habitude, montre une facette plutôt inattendue (ou pas) et la narratrice, montre qu’elle n’est pas si blanche que ça. En même temps, vu le milieu, peut-on rester « innocente ».

Difficile de dire pourquoi j’ai aimé ce roman. Certainement en grande partie à cause de l’ambiance, de ce milieu mafieux des années 50. Des personnages atypiques et hauts en couleur. De l’écriture, incisive et directe. Le personnage de Gloria dépeint par sa pouliche nous laisse parfois entrevoir plus. Elle porte parfois sur sa pouliche un regard maternel et c’est ce qui la rend attachante. A l’inverse, sa « fille » comme Gloria l’appelle, est en manque de reconnaissance et veut bien faire les choses. Leur relation est à la fois ambigüe et tendre, comme une mère et sa fille, à la fois jalouse et envieuse mais emprunte de fierté et d’amour. Une très bonne surprise que ce roman, je lirais d’autres écrits de l’auteure avec plaisir. A